Le choc
“Cela s'est passé lors du premier jour du camp d'entraînement. On effectuait nos petits sprints par groupe de trois sur une ligne droite où il n'y avait personne. C'était un endroit paisible. Après ces différents sprints, les groupes se rejoignaient  afin de rentrer tranquillement à l'hôtel. Sur le chemin du retour vers l'hôtel, j'étais devant à passer un relais et je vois une voiture qui, à 300 m au loin, prend un virage. Je pensais qu'elle arrivait trop vite puisqu'elle s'était décalée sur la voie de gauche. En fait, elle n'allait pas trop vite, elle roulait normalement sauf qu'elle est restée du mauvais côté. Elle ne s'est jamais rabattue et elle n'a pas freiné. Je me souviens de l'impact… J’ai essayé de me décaler sur la droite mais il y avait un talus en pierre et j’ai été le premier à taper dedans alors que John (Degenkolb) se trouvait derrière moi”.
 

L'impact
“On a une voiture derrière nous pour nous sécuriser mais on n'a pas l'habitude de voir des voitures arriver en face. Au moment de l'impact, mon compteur affichait 46-47 km/h. La voiture, elle, roulait à 50 km/h. Ça fait un impact à 100 km/h… Un seul d'entre-nous a réussi à éviter la voiture, c'est lui qui a contacté les secours.
On tentait de se parler pour savoir si tout le monde allait bien. Mais on ne réalisait pas vraiment ce qui venait de nous arriver. Quand je vois l'état de la voiture, c'est miraculeux que l'on soit tous encore là… Avec des blessures, certes, mais personne n'a perdu une jambe, un bras ou un rein. Nous sommes des miraculés. C'était choquant, on était tous à terre. Je suis le seul à me souvenir de tout. Certains ont un trou de 45 minutes jusqu'à ce que l'hélicoptère arrive. Mais, le pire, c'est peut-être de se souvenir de tout. Il n'y avait pas assez d'ambulances et j'ai dû monter dans un 4×4. C'était le chaos”.
Les jours d'après.
 “Les deux ou trois premiers jours, je rigolais davantage, je savais que l'on était passé pas loin du drame. A la vitesse où ça s'est passé… Je me devais de positiver. Avec le recul, je me rends compte que l'on aurait pu tous y passer. Ça fait froid dans le dos… J'ai quand même failli mourir. Je suis chanceux. On a tous été chanceux…”
 

La suite. 
“J'ai tout de suite eu des messages d'Armand Mégret, le médecin de la Fédération. Il m'a bien aiguillé. Du coup, je me suis fait opérer du scaphoïde et l'opération s'est bien passée. Les plaies au genou, ce n'est rien. C'est juste un mois, même si j'ai douze points de suture et que j'ai cru que ma jambe pouvait être cassée au début, car c'était sacrément ouvert. Après dix jours de repos total, je vais reprendre par le home-trainer. Remonter sur la selle, ça va me faire du bien. Quand on fait une chute de cheval, on dit qu'il faut remonter rapidement en selle. Là, c'est exactement pareil. J'espère être de retour en compétition d'ici un mois et demi à deux mois. J'ai effectué un super hiver, je me suis super bien entraîné. Ça va juste me mettre en retard. Mon premier objectif, ce sont les classiques ardennaises. C'est encore assez lointain (fin avril), j'ai le temps. Pour moi, c'est sûr que j'y serai à 100 % de mes moyens.  En ce qui concerne les objectifs qui étaient les miens cette saison, je pense aux classiques ardennaises, au Tour, aux Jeux de Rio et à la Vuelta, il pourrait y avoir un petit contretemps mais je ne crois pas que ça soit un réel problème. Le mois d’avril, c’est encore loin”.
 

 

Interview parue dans La Bretagne Cycliste, Abonnez-vous en ligne