Cyril Gautier, c'est déjà l'heure de reprendre l'entraînement…
Oui. J'ai terminé ma saison 2016 le 1er octobre au Tour de Lombardie et je vais reprendre tranquillement l'entraînement la semaine suivant la soirée de mon club des supporters (le 5 novembre). Comme chaque année, je vais commencer par des petites sorties de vélo et du renforcement musculaire. Le premier stage d'AG2R La Mondiale est prévu courant novembre et deux autres suivront cet hiver. Les saisons s'enchaînent vite…

 

Justement, revenons sur la saison 2016. Quel bilan en faites-vous ?
Pour être honnête, je ne suis pas satisfait de ma dixième saison chez les pros. J'en attendais beaucoup mieux. Malheureusement, j'ai traîné des soucis de dos durant toute l'année. Pour ne rien arranger, j'ai eu un gros coup de moins bien après le Tour Down Under en Australie, dès la fin janvier. Durant toute la première partie de saison, je n'étais pas super et mon Tour de France a été le reflet de mon début d'année. J'ai bien fini la saison avec les championnats d'Europe à Plumelec, notamment, mais j'espérais plus de cette année 2016. Je suis déçu.

 

Vous avez pourtant remporté Paris-Camembert…
Oui, c'est vrai. Cette victoire a un peu sauvé les meubles mais avec les championnats d'Europe à Plumelec, c'est l'un des seuls moments sympas de ma saison. Pour le reste, c'est une saison à oublier.

 

Ces problèmes de dos se sont déclarés dès le début de l'année ?
Fin mars, lors du Critérium International, j'ai commencé à avoir mal au dos. Je ne savais pas trop pourquoi. Je suis ensuite tombé lors de la Flèche Wallonne (le 20 avril) et j'ai ressenti des douleurs au niveau des côtes. J'avais mal au dos aussi. Ces douleurs ont été présentes plus de six mois. Elles étaient en dents de scie et le pic a été atteint durant le Tour de France. J'ai souffert jusqu'à la “Bretagne Classic” à Plouay. J'ai fait de la mésothérapie et c'est passé… Je ne souffre plus. En fait, selon mon médecin traitant, j'avais un nerf  coincé, le syndrome de Maigne. C'était la conséquence de ma chute sur la Flèche Wallonne.

 

Pas évident de faire du vélo dans ces conditions…
Le pire, c'était pendant le Tour de France. Le Tour, ce n'est déjà pas facile mais avec des douleurs au dos, c'est vraiment très très compliqué. La fin de Tour de France a été très très difficile. J'avais du mal à respirer…

 

Selon vous, est-ce l'une de vos moins bonnes saisons depuis votre passage chez les professionnels en 2007 ?
Oui, je pense. Au niveau des sensations, aucun doute. Sincèrement, j'ai pris très peu de plaisir en courses en 2016. En 2015, je n'ai pas gagné mais j'ai répondu présent toute la saison, j'ai pris énormément de plaisir et j'ai effectué un bon Tour de France. En 2016, j'ai gagné Paris-Camembert mais j'ai souffert du dos toute l'année et je n'ai pas pu m'exprimer sur le Tour de France. Comme quoi, il n'y a pas que les victoires qui comptent.

 

Moralement, comment avez-vous vécu cette saison ?
J'ai pris sur moi, j'ai fait avec, je n'avais pas le choix. De toute façon, je m'y étais préparé. Cela fait plusieurs années que je suis professionnel et je m'étais dit que je pouvais passer un peu au travers sur le Tour de France. Je me doutais que cela allait arriver un jour. Cela arrive bien à certains leaders. C'est tombé cet été…  Du coup, je ne me suis pas trop pris la tête avec cela même si intérieurement, cela me rongeait un peu. Quand vous n'arrivez pas à peser sur la course… Moi en tout cas, je n'aime pas faire du vélo comme ça.

 

C'était votre première saison chez AG2R La Mondiale. Cela devait vous embêter de ne pas être à votre niveau…
C'était frustrant… Malgré cela, les dirigeants de l'équipe m'ont dit que j'avais donné satisfaction sur un plan collectif. Lorsque l'on a débriefé sur ma saison 2016, j'ai dit à Vincent Lavenu (le manager général de l'équipe) que je n'étais pas satisfait de moi et il m'a répondu que je m'étais très bien intégré à l'équipe et que j'avais bien travaillé pour le collectif. Il me reste deux ans de contrat avec AG2R La Mondiale, j'espère que je vais pouvoir leur montrer ce que je sais réellement faire.

  
Il y a néanmoins eu quelques beaux moments dans votre saison comme lors des championnats d'Europe à Plumelec où vous avez été acteur…
Sincèrement, je me suis surpris ce jour-là. Je ne m'attendais pas à cela. Quand Bernard Bourreau (l'entraîneur de l'équipe de France) m'avait sollicité, je lui avais d'ailleurs dit que je n'étais pas sûr de pouvoir répondre présent à cause de ces problème de dos. Je me sentais un peu frileux d'aller sur ces championnats d'Europe sachant les entraînements que j'avais effectués. Après le Tour de France, je ne faisais que des sorties de deux ou trois heures, sans intensité. J'avais envie d'aller à Plumelec, évidemment, mais je ne voulais pas décevoir. Finalement, comme ça allait mieux début septembre lors des courses au Canada, j'ai fini par lui dire oui. Je ne l'ai pas regretté.

 

Plumelec restera finalement comme l'un des grands souvenirs de votre carrière…
Oui. Quand je n'étais pas certain d'y être, cela me pesait. Un championnat d'Europe en Bretagne, je ne voulais pas rater ça. Je suis content d'y avoir pris part. Je n'oublierai pas ce moment.

 

Quand on sort d'une saison compliquée, on a déjà hâte à la prochaine ?
Disons que j'y pense sans trop y penser. Sur les 12 mois de l'année, il y en a quand même onze où l'on ne pense qu'au vélo… Actuellement, je profite donc de la coupure, j'essaye de ne pas parler vélo. Je ferai feu quand il faudra faire feu. J'espère que le corps va suivre en 2017. Si le physique n'est pas là, c'est compliqué de faire du vélo et je m'en suis rendu compte cette saison. Bon, comme j'ai de la volonté, j'ai réussi à me dépatouiller sur certaines courses mais c'est quand même mieux d'être à 100%. Comme me le disait souvent Joël Marteil (son ancien entraîneur), le vélo n'est pas une science exacte. Vous avez beau faire le métier à 100%, parfois ça ne marche pas et à l'inverse, vous en faites un peu moins et ça va… Non, ce n'est pas une science exacte.

Interview parue dans la Bretagne Cycliste, Abonnez-vous en ligne !