Matthieu Boulo, vous aviez à coeur de décrocher ce maillot à hermines…
Oui, je voulais vraiment ce titre. C'était mon deuxième objectif de la saison. Le premier, c'est le championnat de France. Mais avant Lanarvily, il y avait cette étape à Châtelaudren et je voulais gagner, j'étais là pour ça. Je ne pensais qu'au titre. J'aurais mal supporté de faire deuxième, je crois que je serais rentré directement à la maison sans dire un mot (rires). Finalement, tout s'est bien passé.
 

Que représente ce titre de champion de Bretagne ?
La Bretagne, c'est la région du vélo et être champion de Bretagne est un honneur. Je suis Breton, je suis très attaché à ma région. Je suis fier d'avoir endossé le maillot à hermines à Châtelaudren et j'ai déjà hâte de le porter en compétition. Après mes titres chez les juniors et chez les espoirs et mon premier titre (à Plouay en 2010) chez les élites, c'est mon quatrième maillot de champion de Bretagne. C'est toujours un honneur d'être champion de Bretagne.
 

Revenons sur la course de Châtelaudren. Avez-vous douté pendant le championnat ?
Un peu oui. Je n'ai pas eu peur mais à un moment donné, je me suis demandé comment j'allais pouvoir faire pour décramponner mes adversaires de la roue. Ivan (Gicquiau) ne me lâchait pas de la roue et je me posais des questions. Quand j'ai fait le forcing dans le dernier quart d'heure, il a craqué. En fait, je n'ai pas eu peur dans la mesure où j'avais des super sensations. Il y avait de la bagarre mais je savais que j'avais les moyens de faire la différence dans le dernier quart d'heure. Je misais tout là-dessus. J'ai un peu joué avec mes adversaires.
 

Face à plusieurs coureurs du VCP Loudéac, ce n'était pourtant pas gagné d'avance…
Dès le départ, j'ai vu que les jambes étaient bonnes et dans ma tête, je me suis dit qu'ils auraient du mal à venir me chercher. J'avais confiance. Dans les deux derniers tours, quand j'ai réussi à faire la différence, j'ai compris que ça allait le faire. Je ne me suis jamais affolé.
 

Pour la confiance, ça doit faire du bien d'être champion de Bretagne, non ?
Ah oui, c'est top ! A l'entraînement, ça allait tout seul après mon titre de champion de Bretagne. Quand on gagne une course comme les championnats de Bretagne, c'est plus facile d'aller s'entraîner après. La motivation est là. On ne pense plus aux erreurs que l'on a pu commettre les week-end précédents. Ce n'est que du plaisir. Moralement, c'est top.
 

Avant les championnats de Bretagne, vous disiez être à 90% de vos moyens. Cela veut dire que vous avez une marge de progression avant les championnats de France…
Oui, je sens que je monte en puissance et l'objectif est d'être à 100% le jour des championnats de France. Je travaille tous les jours pour ça. J'espère que ça va le faire. Depuis le début de la saison, je ne pense qu'à ça.
 

Vous allez viser le podium à Lanarvily. Pensez-vous au titre ?
Oui bien sûr ! Je pense que je peux viser le titre. Sur une course d'un jour, sur un championnat de France, tout peut arriver. J'affectionne beaucoup le circuit de Lanarvily, je sais que les supporters seront derrière moi alors pourquoi pas. J'y crois en tout cas.
 

Pourquoi le circuit de Lanarvily vous plaît-il ?
C'est là-bas que j'ai décroché mon deuxième titre chez les espoirs en 2011. C'est un circuit qui me convient. Il est difficile, il ne pardonne pas mais je l'aime bien. Et puis, Lanarvily, c'est le grand cyclo-cross de la région. Il y a toujours beaucoup de monde.
 

Quel est votre programme à présent ?
Après la finale de la Coupe de France à Nommay, je vais enchaîner avec les manches de Coupe du monde de Namur et Zolder. Je serai ensuite à Plumelec le 31 décembre et une semaine après, place aux championnats de France à Lanarvily. Entre Namur et Zolder, je descendrai en Espagne pour un petit stage. Tout cela me fait un bon petit mois.
 

Sur les manches de Coupe du monde, quel sera votre objectif ?
Je n'ai pas d'objectif en Coupe du monde. J'espère juste obtenir la meilleure place possible afin de gagner des points UCI. Toutes ces manches de Coupe du monde, c'est en prévision de l'an prochain.
 

Vous avez décidé de redevenir un cyclo-crossman à part entière. Etes-vous surpris d'avoir retrouvé un bon niveau aussi rapidement ?
Je sais que j'ai encore des lacunes. Techniquement, par exemple, j'ai perdu. J'ai beau avoir disputé quelques épreuves ici et là les hivers passés, je sens que j'ai pas mal perdu en technique. Cela ne se voit peut-être pas trop sur les cross régionaux mais j'ai dû perdre l'équivalent de deux kilomètres par heure sur les parties techniques. Avec Cyrille (Guimard, son entraîneur), on travaille toutes les semaines pour essayer de combler ce retard et je n'aurai probablement pas trop d'un hiver entier pour retrouver mon niveau. Bon, je sens que ça revient petit à petit. En fait, il ne faut pas que je grille des étapes.  D'un autre côté, c'est vrai, j'ai repris mes marques assez rapidement. En début de saison, si on m'avait dit que j'allais avoir ce niveau en décembre, j'aurais signé tout de suite.
 

Ce n'était pas évident de retrouver le haut niveau en l'espace de quelques mois…
Je n'ai pas fait une grosse saison de route en 2016, je n'avais que 30 jours de course. D'un autre côté, comme j'ai disputé beaucoup de critériums, j'étais habitué aux efforts d'une heure, une heure et demie. Du coup, j'étais dans le bain, je n'avais que la technique à travailler. Je suis content de mon retour en cyclo-cross. Je ne regrette pas.  Sur la route, j'avais l'impression d'avoir fait le tour de la question. Bon, ça a été une super expérience, j'ai beaucoup appris mais j'ai compris que je ne pourrai jamais rivaliser avec les meilleurs. Je n'aurai jamais été un grand leader. Le cyclo-cross est ma discipline de coeur, celle où je prends le plus de plaisir.
 

Vous êtes désormais un authentique cyclo-crossman…
Tout à fait. Je vais faire moins de route en 2017 mais pour ce qui est du cyclo-cross, ce sera encore à fond l'hiver prochain. J'ai déjà envie de faire une très grosse saison de cyclo-cross l'année prochaine. 
 

Interview parue dans La Bretagne Cycliste, Abonnez-vous en ligne !